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Allez, on voyage une nouvelle fois dans le temps !
Bonne lecture,
Alexandre
Un homme entre sur scĂšne. Il a rĂ©pĂ©tĂ© avec sa troupe le spectacle comique quâil va jouer ce soir. Les prĂ©cĂ©dentes reprĂ©sentations se sont trĂšs bien passĂ©es.
Mais aujourdâhui, câest spĂ©cial. Il va jouer devant un personnage trĂšs important.
Alors, il a mis les moyens pour impressionner son invité et lui faire passer un bon moment.
On imagine quâil a passĂ© un temps infini Ă rĂ©aliser avec ses camarades les prospectus pour promouvoir le spectacle, fignoler les costumes et le dĂ©cor ne mĂ©nageant pas sa peine.
5 minutes se passent. 10 minutes, 15 minutes, 45 minutes depuis le dĂ©but du spectacle, pas un rire dans le public. Le four, le bide, la catastrophe.Â
Et surtout, lâinvitĂ© prestigieux ne dĂ©croche pas un sourire.Â
Lâhomme se rend compte au bout dâune heure que le public ce soir assiste Ă deux spectacles. Le sien sur scĂšne et le second dans le public. Lâenthousiasme de lâinvitĂ© de la soirĂ©e est aussi muet que son ennui est criant.Â
Câest le chef. Alors, le public se met au diapason.Â
Soudain, LA révélation.
Lâacteur se rend compte quâil a passĂ© un temps infini Ă bricoler le dĂ©cor, fignoler des costumes mais hĂ©las assez peu sur lâadĂ©quation entre son spectacle et lâhumeur probable de celui quâil reçoit. Â
Cet Ă©pisode fut racontĂ© bien des annĂ©es aprĂšs par son hĂ©ros malheureux lui-mĂȘme, de son aveux meilleur Ă©crivain quâacteur, dans son roman âLa Promesse de lâaubeâ.Â
Romain Gary ce soir de 1941 Ă Bangui sâest donc tapĂ© bides sur bides devant le GĂ©nĂ©ral de Gaulle.Â
Ce dernier ne lui en voudra pas.
Peut-ĂȘtre quâil nâa jamais fait le lien entre cette soirĂ©e gĂȘnante, le jeune rĂ©sistant en difficultĂ© sur scĂšne et le diplomate devenu consul gĂ©nĂ©ral bien des annĂ©es plus tard et finalement prix Nobel de littĂ©rature.
âOn l'avait jouĂ©e deux fois devant le public et on s'Ă©tait prĂ©parĂ© pour la premiĂšre avec beaucoup d'assurance parce qu'on a eu un succĂšs fou. Les gens se tordaient de rire. Et puis de Gaulle arrive. On fait donc la grande premiĂšre avec les notables et aussi beaucoup de public et il se met au premier rang.
Il nous regarde, et, il n'y a pas eu un seul rire pendant le spectacle. C'était la statue du commandeur qui regardait les libertins sur la scÚne et qui ne se marrait pas du tout. Les gens de dos ont senti que de Gaulle ne riait pas, et ils ne riaient pas non plus. C'était le bide le plus total.
Il les avait glacĂ©s par son dos. Je ne sais pas comment il faisait, il devait avoir des rayons spĂ©ciaux, mais il a complĂštement foutu le spectacle en l'air.â Romain Gary, in âLa Promesse de lâaubeâ.
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đ§ Food for thought
Visiblement, Romain Gary et sa troupe ont oublié de se poser une question.
Certes, les camarades du soldat Gary ont goutĂ© Ă lâhumour moyennement subtile du spectacle. Mais de Gaulle allait-il lui-mĂȘme apprĂ©cier lâexercice ? Intuitivement, on imagine lâhomme du 18 juin peu portĂ© sur le comique troupier.
Disons que la petite histoire confirme cette intuition.
đș Une vidĂ©o bonus
Une vieille Ă©dition dââA voix nueâ avec comme invitĂ© Romain Gary :
âčïž Sources
âLa Promesse de lâaubeâ, Romain Gary